mercredi 5 juin 2013

La roue tourne

Ces derniers temps alors que je pensais à la lumineuse et malheureuse mère de mon premier post ( http://marjeasu.blogspot.fr/2013/03/premiere-histoire-premier-texte.html ) je passe à la maternité. Je vois son nom au tableau ! Elle est là ! Je suis heureuse pour elle. J'aimerais tant aller la voir, lui dire que mes pensées sont allées vers elles ces derniers mois, lui souhaiter tout le bonheur du monde avec ce nouvel être qui arrive... Mais je ne peux pas et je croise même les doigts pour ne pas la croiser dans les couloirs : je ne veux/peux pas refaire surface dans sa vie et lui dire "Coucou, vous vous souvenez de moi ? " tel un fantôme lui rappelant son pire cauchemar.
Alors, je suis repartie et mes pensées sont allées vers elles, joyeuses cette fois-ci.
La roue tourne.

Coupables !!!

Elle est là, elle rôde autour du cabinet. Jamais bien loin, elle revient à la charge régulièrement : la culpabilité.

Avant même le début de la grossesse, si le bébé ne s'installe pas, elle peut déjà être là. De l'ancienne IST qui a bouché les trompes, à l'antécédent d'IVG ou simplement une prise de pilule.... Des raisons, fondées on non, on peut toujours en trouver à la pelle.

Une fois que la grossesse a débuté, la re voilà !
Du côté boulot : trop, trop peu, les horaires, les supérieurs revêches, les collègues qui vont être "coulés" par l'absence, les déplacements, la charge physique/morale.....
Du côté médical : des contractions, un bébé trop petit ou trop gros, de l'hypertension, du diabète.... et elle peut pointer son nez.
Par rapport à l'allaitement aussi : entre celles qui n'allaitent pas et qui peuvent se sentir jugées et celles qui allaitent et culpabilisent d'arrêter trop tôt, de continuer trop longtemps, de ne pas laisser assez de place au père.....
Culpabilité face à la balance et à l'assiette : pression mensuelle de la pesée. Culpabilité du grain de sable dans la salade, de la tranche de jambon ou de la raclette !
Culpabilité face au miroir : alors qu'il est de notoriété commune qu'une femme enceinte est belle et épanouie, pourquoi est-ce que "moi je ne m'aime pas enceinte, je ne me reconnais pas quand je me vois."

Quand je les revois après la naissance de leur enfant au cours des séances de rééducations, la culpabilité ne les a toujours pas lâchées !
Culpabilité de ne pas savoir décrypter tous les pleurs du bébé, de pouvoir calmer les coliques, les pleurs du soir,....
Culpabilité de reprendre trop tôt pour soi, pour son enfant. Culpabilité de faire le choix de rester son enfant au détriment de sa carrière.
Autour de la sexualité, de la difficulté de retrouver une place, du temps, l'envie simplement...
Par rapport aux aînés, pour le(s)quel(le)(s) elles peuvent se sentir un peu moins disponible...
Culpabilité de ne pas se sentir au top assez rapidement : dans leurs corps, fatiguées en manque de repères.

Culpabilité d'éprouver de la culpabilité !

Pourtant, il y a tant de choses sur lesquels on n'a pas de prise. Quoi de plus normal d'être en recherche de repères au cours de ce grand chamboulement ! Normal aussi que le bébé qui nous échoit ne soit pas le même que celui des livres, de la voisine, copine, cousine, frangine.... et que chacun fait surtout au mieux, et il n'y a pas là à mon sens de quoi ressentir de la culpabilité !

Alors, quand avec un des faire-part que je reçois, je lis "Merci de m'avoir permis de vivre ma grossesse sans culpabilité" , je me dis que mon travail n'est pas vain :)