mercredi 29 juin 2016



Je dépoussière ce blog. Un ange de plus croisé sur mon chemin m'a donné envie de le rouvrir....

Je suis telle une petite plume. Les doux cils de la trompe de Maman me portent, me poussent vers mon futur nid.
Je suis une petite graine, je me pose sur la confortable dentelle utérine, si moelleuse et j’y plonge délicieusement mes racines.
Maman ne sait pas encore que je suis là. D’ailleurs elle ne m’attend pas. Mais je suis là et je me construis.
Au bout de 25 jours, mon cœur…, enfin, son ébauche, ne brûlons pas les étapes, commence à battre. C’est aussi ce jour-là d’ailleurs que Maman a appris que j’étais là. J’ai senti de la peur, beaucoup de peur. Faut dire que Maman, elle devait se faire ligaturer les trompes le lendemain, alors c’est pour dire à quel point je n’étais pas prévu au programme.
Maman, elle a gardé le secret de ma présence pendant 3 jours. C’est un grand huit d’émotion, je n’ai pas tout compris à ce qu’il se passait, mais petit à petit j’ai senti une douce chaleur s’installer, Maman appelait ça « l’Amour ».
Au bout de 3 jours, elle en a parlé à Papa. Ils ont beaucoup discuté avec Papa et finalement ils ont décidé qu’ils leur restaient suffisamment de place dans leurs cœurs et dans leur vie pour m’y accueillir. 
Depuis, papa pose sa main sur le ventre de Maman très souvent et moi je baigne dans leur Amour.
Ma vie est chouette : je grandis, ma maison grandit au même rythme, j’y suis bercé par ma Maman et Papa vient régulièrement me dire bonjour et jouer avec moi.
Je n’ai pas de notion du temps, je baigne dans une éternité d’Amour.
Et un jour, il y a une fuite dans ma maison. Je m’y sens un peu plus à l’étroit, mais Maman ne s’inquiète pas, Papa joue avec moi alors je ne m’en fais pas. Mais au bout d’un moment, les murs de ma maison se resserrent et me poussent vers la sortie ! Maman se réveille en sursaut, elle a compris. Je sens de la peur, de la colère et de la tristesse qui l’envahissent !
Je sens que ça s’agite autour, que les gens sont graves. Moi je ne comprends pas, je suis le chemin où me pousse ma maison devenue trop petite. Je traverse ma Maman et j’atterris dans ses mains.
Oui, ses mains, parce que je suis trop petit pour tenir dans ses bras. Mais je suis déjà bien assez grand pour tenir contre son cœur. Maman me porte tout contre son cœur, je suis telle une petite bougie dont la flamme vacille puis s’éteint. Dans son Amour.
Je suis telle une étoile filante, ma vie aura été courte, mais je l’aurais vécu comme une éternité d’Amour. Ça aura été une belle vie finalement…
                                                                                                                             à M. et ses parents

vendredi 30 août 2013

SOS d'une sage-femme en détresse

Quand j'ai fait mes études, c'était l'âge d'or des sages-femmes. Je n'ai jamais cherché de boulot, les maternités embauchaient à tour de bras. Certes on pouvait rester un moment en CDD mais on bossait.
Aujourd'hui, les maternités débauchent, certaines ferment, les autres se restructurent.
Et qui trinquent ? Les femmes.
Vers chez moi, une petite maternité physiologique qui se bat contre sa fermeture annoncée. 500 naissances par an, ce n'est pas rentable.
Les gros centres qui se restructurent, toujours plus gros avec moins de monde. Et pour rentabiliser tout ça, on diminue la durée du séjour. Et la sécu a inventé le PRADO : PRogramme d'Accompagnement du retour à DOmicile. Ici tout allait paisiblement il y a encore pas si longtemps : les sages-femmes hospitalières prenaient contact avec leurs collègues libérales pour transmettre les infos importantes pour la suite du suivi. Arrivée chez la mère, un papier attendait la sage-femme.. papiers récapitulatifs plus ou moins bien rempli... papiers variables d'une femme à l'autre.
Aujourd'hui grâce au PRADO ça va être un employé de la sécu qui va prendre contact avec les sages-femmes libérales. Plus de transmissions médicales avant la sortie. Nous allons donc arriver chez femmes, sans rien connaître de leur histoire. En espérant que le petit papier soit bien rempli et la femme bien au fait de ce qui lui est arrivé.
Et ça s'appelle le progrès.
Quand je suis devenue sage-femme, je ne suis pas devenue prestataire de service. Ce soir je suis triste pour ces femmes, triste pour ce système qui marche sur la tête...

jeudi 8 août 2013

Le chemin

A l'époque, je travaillais dans une grosse clinique. Ce jour-là, j'étais de garde en suites de couches et dans mon tour, il y avait une femme qui avait accouché de son quatrième enfant. Son second était mort-né, c'était donc son troisième enfant vivant.
J'avais à cœur de m'assurer que ce nouveau passage par la case maternité se passait bien et ne réactivait pas trop de mauvais souvenirs.
Je frappe à la porte de sa chambre et y rentre lorsqu'elle m'y invite. Je rencontre une mère souriante et sereine. Je lui demande comment elle va et elle me répond qu'elle se sent bien, en paix. Elle avait bien compris la portée de ma question et elle m'explique qu'elle ne regrette rien. Elle rajoute que, évidement, elle se serait bien passée de perdre son deuxième enfant, mais que chemin faisant, elle avait, ils avaient, continué à construire leur famille. Qu'elle aimait ses enfants plus que tout, et que sans cette tragédie, ce n'aurait pas été les mêmes enfants, les mêmes écarts d'âge... la même famille. Et que, non, elle ne pouvait pas regrettait les enfants qu'elle avait, sans pourtant oublier ou renier celui absent et qui avait toujours une place dans son cœur.
Ce jour-là, cette femme m'a fait un beau cadeau. Je pense à elle lorsque j'accompagne des couples (familles) endeuillé(e)s et j'espère qu'un jour ils auront trouvé eux aussi, le chemin de la sérénité.

A Valentin, le premier, Jude, le dernier et tous les autres anges que j'ai croisé...

vendredi 19 juillet 2013

Inconscient

Je suis devant chez mon père et regarde l'immeuble en face.
Des enfants jouent au premier étage. 2 d'entre eux tiennent un gros ballon par la fenêtre et un troisième est à quatre pattes dessus.
Je me dis "c'est dangereux." Mais je suis un peu loin, je ne dis rien ne bouge pas.
Le petit garçon tombe. Sa chute est cachée pas un talus mais j'entends distinctement le bruit que fait sa tête en heurtant le sol. J'essaye d'appeler les pompiers. Impossible de faire le 112. C'est toujours un autre chiffre qui s'affiche. J'essaye encore et encore... En vain.
Je vais voir le petit garçon. Il a la tête bizarrement plate, qui saigne et une plaie béante à la cuisse. Il faire un mouvement de la tête, inconscient.
Je lui fais un point de compression, J'ai l'impression de le démembrer. Je sens son cœur qui bat lentement. Le sang coule toujours.
Les autres enfants arrivent au rez-de-chaussée. Je leur demande si leurs parents sont au courant.
Je ne sens plus son coeur....
...
...
Et je me réveille avec une énorme boule d'angoisse. J'aurais mieux fait de me lever à la sonnerie du réveil quelques minutes plus tôt.

Aujourd'hui je reçois en consultation un couple pour tenter de leur expliquer pourquoi je transmets une information préoccupante au médecin la PMI les concernant.
Je n'ai pas trop de mal à interpréter mon rêve...

mercredi 5 juin 2013

La roue tourne

Ces derniers temps alors que je pensais à la lumineuse et malheureuse mère de mon premier post ( http://marjeasu.blogspot.fr/2013/03/premiere-histoire-premier-texte.html ) je passe à la maternité. Je vois son nom au tableau ! Elle est là ! Je suis heureuse pour elle. J'aimerais tant aller la voir, lui dire que mes pensées sont allées vers elles ces derniers mois, lui souhaiter tout le bonheur du monde avec ce nouvel être qui arrive... Mais je ne peux pas et je croise même les doigts pour ne pas la croiser dans les couloirs : je ne veux/peux pas refaire surface dans sa vie et lui dire "Coucou, vous vous souvenez de moi ? " tel un fantôme lui rappelant son pire cauchemar.
Alors, je suis repartie et mes pensées sont allées vers elles, joyeuses cette fois-ci.
La roue tourne.

Coupables !!!

Elle est là, elle rôde autour du cabinet. Jamais bien loin, elle revient à la charge régulièrement : la culpabilité.

Avant même le début de la grossesse, si le bébé ne s'installe pas, elle peut déjà être là. De l'ancienne IST qui a bouché les trompes, à l'antécédent d'IVG ou simplement une prise de pilule.... Des raisons, fondées on non, on peut toujours en trouver à la pelle.

Une fois que la grossesse a débuté, la re voilà !
Du côté boulot : trop, trop peu, les horaires, les supérieurs revêches, les collègues qui vont être "coulés" par l'absence, les déplacements, la charge physique/morale.....
Du côté médical : des contractions, un bébé trop petit ou trop gros, de l'hypertension, du diabète.... et elle peut pointer son nez.
Par rapport à l'allaitement aussi : entre celles qui n'allaitent pas et qui peuvent se sentir jugées et celles qui allaitent et culpabilisent d'arrêter trop tôt, de continuer trop longtemps, de ne pas laisser assez de place au père.....
Culpabilité face à la balance et à l'assiette : pression mensuelle de la pesée. Culpabilité du grain de sable dans la salade, de la tranche de jambon ou de la raclette !
Culpabilité face au miroir : alors qu'il est de notoriété commune qu'une femme enceinte est belle et épanouie, pourquoi est-ce que "moi je ne m'aime pas enceinte, je ne me reconnais pas quand je me vois."

Quand je les revois après la naissance de leur enfant au cours des séances de rééducations, la culpabilité ne les a toujours pas lâchées !
Culpabilité de ne pas savoir décrypter tous les pleurs du bébé, de pouvoir calmer les coliques, les pleurs du soir,....
Culpabilité de reprendre trop tôt pour soi, pour son enfant. Culpabilité de faire le choix de rester son enfant au détriment de sa carrière.
Autour de la sexualité, de la difficulté de retrouver une place, du temps, l'envie simplement...
Par rapport aux aînés, pour le(s)quel(le)(s) elles peuvent se sentir un peu moins disponible...
Culpabilité de ne pas se sentir au top assez rapidement : dans leurs corps, fatiguées en manque de repères.

Culpabilité d'éprouver de la culpabilité !

Pourtant, il y a tant de choses sur lesquels on n'a pas de prise. Quoi de plus normal d'être en recherche de repères au cours de ce grand chamboulement ! Normal aussi que le bébé qui nous échoit ne soit pas le même que celui des livres, de la voisine, copine, cousine, frangine.... et que chacun fait surtout au mieux, et il n'y a pas là à mon sens de quoi ressentir de la culpabilité !

Alors, quand avec un des faire-part que je reçois, je lis "Merci de m'avoir permis de vivre ma grossesse sans culpabilité" , je me dis que mon travail n'est pas vain :)

dimanche 5 mai 2013

Science-Fiction de Sage-Femme



Le 5 mai célèbre la Journée Internationale de la Sage-femme. Partout dans le monde, des femmes deviennent mères, des enfants naissent. Leur santé nous tient à coeur, de même que leur bien-être émotionnel. Partout dans le monde, les conditions entourant cet événement peuvent être difficiles, chacune à leur échelle.
L'International Confederation of Midwives souligne le rôle essentiel des sages-femmes auprès des femmes
Pour appuyer l'appel de l'ICM, dix bloggeuses et blogueurs sages-femmes ont imaginé un monde où leur profession n'existerait pas...
A lire chez :
10lunes : http://10lunes.canalblog.com/



5 mai 2099, suite à l'influence simultanée de la crise dans laquelle le pays s'est enlisé au début du 21 ème siècle, de l'avancée des techniques médicales et de la mondialisation, mais aussi sous l'influence de quelques médecins pas franchement SF friendly  ( à ce sujet je vous recommande chaudement l'article de ma consœur : http://10lunes.canalblog.com/archives/2013/04/08/26788434.html ) ... L'activité des sages-femmes a été délocalisée dans des pays émergeant et de nouvelles sages-femmes exercent leur art via des hotlines....

Camille se savait enceinte depuis quelques jours et avait partagé cette grande nouvelle avec Timéo son compagnon. Elle savait qu'elle devait se rendre au centre de télémédecine de son quartier pour son suivi.
Ils s'y rendirent donc ensemble. Elle approcha sa carte vitale du détecteur et la porte s'ouvrit lui laissant le passage jusqu'à la cabine high-tech où se déroulaient les consultations. Elle répondit à un rapide questionnaire afin d'affiner le motif de sa venue.
Une voix désincarnée lui demanda de se dévêtir et de s'allonger sur la table d'examen. La voix averti Camille qu'elle allait subir une échographie et le matériel se mis en branle comme mû d'une volonté propre. Suite à cet examen la connexion s'établit avec un médecin qui lui confirma que la grossesse était bien évolutive et que tout était normal. Il lui transmit un code de connexion pour son suivi de dossier et toutes les démarches administratives de la déclaration de grossesse furent transmises instantanément aux administrations concernées. L'écran redevint noir. Camille se rhabilla, heureuse que tout aille bien.
De retour chez elle, elle se connecta machinalement à sa boîte mail ; elle avait déjà reçu la confirmation de la création de son dossier suivi de grossesse et un message avec tous ses rendez-vous de consultation.
Les mois passant, le ventre de Camille s'arrondissait. Elle allait régulièrement s'allonger dans la "boîte à médecine"; c'est comme ça que Timéo surnommait le centre de télémédecine.
La grossesse suivait son cour, l'enfant à naître se portait bien ; Camille le portait bien.
Au cours d'un de ces rendez-vous, ils avaient d'ailleurs rempli ensemble un QCM sur leurs connaissances concernant la naissance et au vu de leur désir d'en savoir un peu plus sur ce qui les attendait on leur avait proposé des cours de préparations en ligne.
Ils se connectaient le soir après que Timéo soit rentré du travail. Ils avait choisi cette formule pour qu'il puisse être présent. C'était un des avantages à la délocalisation : l'amplitude horaire était maximum, on changeait juste d'accent suivant l'heure choisi. La séance commençait toujours de la même façon : ils regardaient un  reportage présentant le thème du jour : (l'allaitement, la péridurale, la poussée, le périnée,....) puis ils répondaient à un QCM et enfin étaient en relation avec une sage-femme, jamais la même, qui par webcam interposée revenait avec eux sur les points restés obscurs. Ils sentaient bien que les réponses restaient très générales et semblaient parfois même standardisées. La sage-femme ne pouvait leur donner de détails précis concernant la maternité de leur secteur étant donné qu'elle n'y avait jamais mis les pieds et ne connaissait pas les habitudes locales. Malgré l’homogénéisation des pratiques consécutives à la décentralisation, il subsistait quelques différences suivant les lieux. La séance se terminait par un disque de relaxation.
Camille aurait bien parlé de la peur qu'elle éprouvait vis à vis de la naissance de son enfant ; elle avait peur qu'il "boive la tasse" comme cela s'était passé pour elle au moment de sa naissance. Elle avait dû aller en néonatalogie pendant quelques jours et sa mère en avait été très affectée. Elle se sentait  fragile mais n'avait pas réussi à le dire aux sages-femmes de la "boîte".

15 janvier 2100, 3h45. Camille se lève pour aller uriner comme bien souvent ces dernières nuits. Mais là, c'est un peu différent, aussitôt que ses 2 pieds touchent le sol une contraction lui vrille les reins et elle perd les eaux. Un peu affolée, elle réveille Timéo. Elle met les quelques affaires qui manquent à sa valise et ils partent à la maternité.
Arrivés là-bas, ils se sentent un peu perdus dans cet immense hôpital (il faut dire qu'en 2100, la politique de regroupement des lieux de naissances est à son apogée et aucune maternité en France ne réalise moins de 10000 accouchements par an). Ils se retrouvent rapidement dans une boîte, presque semblable à celle où ils allaient en consultation. La musique des séances de relaxation sensée la détendre est bien là en fond sonore mais Camille ne se sent pas à l'aise. Une infirmière passe à leur arrivée, pour poser une perfusion et différents capteurs : un pour le cœur du bébé, un pour les contractions, un pour les constantes (tension artérielle, pouls, température... ) de Camille, ... et un pour suivre en temps réel la dilatation du col. Toutes ces données sont transmises et la surveillance se fait à distance.
Camille perd pied et le capteur surveillant ses constantes indique une douleur insupportable. L'infirmière revient préparer Camille à la pose de la péridurale. L'anesthésiste arrive, pose la péridurale sans difficulté et tous les deux s'effacent laissant Timéo et Camille à nouveau seuls. Ils savent bien que c'est le déroulement classique d'un accouchement mais ils regrettent de ne pas être plus accompagnés.
La douleur de Camille est soulagée, elle ne ressent plus grand chose d'ailleurs... Les heures passent et sur le coup de midi, elle éprouve une gène ; d'ailleurs une alarme retentit, un simple "Ding" et la voix désincarnée annonce : "Dilatation totale du col de l'utérus atteinte, le gynécologue arrive pour procéder à l'expulsion."
En effet, quelqu'un arrive avec blouse, gants, chapeau et masque. Il constate que la présentation est bien descendue,  semble satisfait et intime à Camille de pousser. A ce moment là, elle a très peur, elle sent bien que son enfant arrive et elle a l'impression d'être écartelée, morcelée et que jamais elle n'y arrivera. Heureusement, Timéo est toujours à ses côtés et sentant qu'elle perd à nouveau pied trouve les mots pour l'encourager, coupant l'herbe sous les pieds d'un gynécologue un peu prompt à se tourner vers l'infirmière afin de lui demander de sortir une ventouse.... Les parturientes sont très nombreuses et il est très pressé.
Quelques contractions plus tard un magnifique garçon atterrit sur le ventre de Camille. Timéo a bien du mal à cacher son émotion et laisse couler ses larmes. Camille aussi pleure.
Ils se ressaisissent assez rapidement car leur fils est emmené en pouponnière pour procéder aux premiers soins. Timéo le suit et pendant ce temps le gynécologue recoud l'épisiotomie de Camille.
Timéo revient avec Côme dans un berceau et peu de temps après ils sont réinstallés dans une chambre à un étage supérieur.
Camille et Côme ne restent que 48h hospitalisés. Le lendemain de leur sortie, Camille, qui avait décidé d'allaiter, souffre de crevasses ; la montée de lait est très importante, ses seins très tendus et elle n'arrive pas à placer Côme de façon satisfaisante. Elle se souvient que lors du module de préparation concernant l'allaitement, la sage-femme lui avait dit qu'elle pouvait appeler la hotline en cas de difficultés. Elle a bien du mal à faire le point par écran interposé, à trouver la juste position pour la soulager de ses crevasses.
Le contre coup de la naissance, les difficultés de la mise en route de l'allaitement et la fatigue aidant, Camille pleure beaucoup. Elle se sent en difficulté pour s'occuper de Côme. Heureusement que Timéo est toujours aussi présent et ainsi que sa mère venue lui apporter son aide. Cela lui fait beaucoup de bien, mais elle n'ose pas parler de tous les sentiments ambivalents qu'elle ressent. Elle aurait préféré s'en ouvrir à quelqu'un d'extérieur ; elle a peur d'être jugée et puis elle n'est pas d'accord avec tous les principes éducatifs de sa mère non plus ! Mais elle n'a aucune envie d'utiliser la webcam pour ça... Pour le coup, c'est trop impersonnel.
Quand à la visite du post partum  le médecin de la boîte lui prescrit de la rééducation pour son périnée, elle a préfère décliner l'offre : se retrouver seule, face à un écran avec une sonde ne l'enthousiasme absolument pas. Tant pis si elle doit aller rapidement aux toilettes, elle n'en peut juste plus de cette boîte !

Petit à petit, elle trouve ses marques et digère la révolution qu'a provoqué la venue de son enfant. Ils forment une belle famille Timéo, Côme et elle.

Quant elle se retourne sur cette grossesse et cette naissance, elle ressent un vague d'amour pour ses deux hommes mais aussi un profond sentiment de solitude.